Origine de la porcelaine Nabeshima
La peinture sur porcelaine façon Nabeshima (鍋島) a son origine dans le sud du Japon, sur l’île du Kyûshû et vient de la famille (clan) Nabeshima, qui a profité de la guerre de Corée du 17è siècle et des prisonniers au savoir-faire de potiers pour asseoir sa puissance… et son industrie. Le site principal de ce clan se situe dans le petit village de Ôkawachiyama, non loin d’Arita et Imari, et qui produit presque exclusivement de la porcelaine dite « Nabeshima ». Une promenade dans le village correspond à une immense visite d’atelier : fours, artisans, magasins… Lorsqu’on parle de porcelaine japonaise, on pense tout de suite à la porcelaine Imari (située dans la même région), essentiellement destinée à l’exportation. Les Japonais, de leur côté, préfèrent le style Nabeshima (‘sous-ensemble’ de la porcelaine Imari) qui a été fabriqué de 1640 à 1868, fin du shogunat et des Tokugawa, abolition des privilèges, fin de la période Edo… et fermeture des fours.
Technique
La première façon de travailler le Nabeshima est le travail du bleu (oxyde de cobalt) sur biscuit (porcelaine cuite au four à un peu poins de 900°C sans émaillage et, donc, extrêmement fragile), avant trempage dans la glaçure puis cuisson à environ 1300°C (la pièce est alors complètement solidifiée). Le ‘bleu’ est donc entièrement ‘pris’ sous cette couverte (de mon côté, je n’ai utilisé que la couleur bleue, un style appelé sometsuke). En échange, la porcelaine multicolore (styles aka-e ou iro-e), vert, jaune et rouge, seront posées séparément et nécessitera des cuissons séparées à moins forte température. La préparation du travail se fait soit à main levée au crayon à papier léger soit au carbone (pour des motifs géométriques) sur le biscuit. Le travail de peinture n’utilise que 2 pinceaux, un très fin pour les traits et un très gros qui permet une réserve de liquide importante et donc un travail de longue durée à couleur régulière. Le biscuit ‘boit’ alors la couleur très rapidement sans correction possible (si ce n’est un petit retour sur le travail à l’aide d’un grattoir) et la maîtrise du geste est donc importante. Aujourd’hui, on trouve relativement peu de pièces anciennes (époque Edo 1600-1868) Nabeshima car elles étaient produites exclusivement pour le shôgun, les daimyo et autres dignitaires ou pour faire des cadeaux ; tout ce qui n’était pas parfait était détruit. La majeure partie des motifs se veut ‘originale’ et ne s’inspirant ni de l’héritage chinois, ni de la tradition japonaise : les motifs seront donc empruntés à la peinture, aux tissus et seront également géométriques et abstraits.
Expérience personnelle
J’ai eu la chance de pratiquer cette peinture sur porcelaine auprès d’un professeur, Sakai sensei (http://www.lcv.ne.jp/~sarahp/), qui est un des rares, sinon le seul, à maîtriser chaque pièce d’un bout à l’autre de la chaîne, à savoir qu’il tourne sa pièce, la fait cuire une première fois, la peint, la glace, la refait cuire… et ajoute d’autres cuissons s’il a décidé de faire une pièce polychrome. J’ai choisi, volontairement, de ne travailler qu’en « bleu et blanc », avec un décor positionné sous la glaçure.
Pour en savoir plus :
- Un musée à Tokyo, le Musée des Arts Asiatiques Toguri : http://www.toguri-museum.or.jp/french/index.php
- Vous trouverez l’explication de beaucoup de termes techniques sur le site : http://udceram.free.fr
Voici quelques exemples de ce que j’ai pu réaliser au cours d’un séjour de quelques années à Tokyo…